Julian Assange, fondateur de Wikileaks
En 2010, à la suite des révélations de WikiLeaks sur la manière dont les États-Unis et leurs alliés mènent la guerre en Irak et en Afghanistan, Julian Assange atteint une grande notoriété. Il est ensuite au cœur d'une affaire politico-judiciaire internationale, qui le prive de liberté à partir de 2010 dans des circonstances telles qu'il a pu être qualifié de prisonnier politique.
En liberté surveillée, puis réfugié dans l’ambassade d’Équateur à Londres entre 2012 et 2019, il est incarcéré depuis 2019 au Royaume-Uni dans l’attente d’une procédure d’extradition demandée par les États-Unis après avoir été inculpé pour « espionnage » ; il encourt 175 ans de prison.
WikiLeaks
Julian Assange est le porte-parole le plus connu de l'organisation WikiLeaks, dont il est le fondateur et membre du conseil d'administration20. Il est également le responsable du site Web de WikiLeaks21. Il possède un droit de veto sur la publication de tout document soumis à WikiLeaks22.
En , il reçoit le soutien de Daniel Ellsberg qui, en 1971, avait été à l'origine de la divulgation des Pentagon Papers. Le , les autorités suédoises rejettent sa demande de permis de travail et de résidence, alors qu'il avait spécifiquement opté pour la Suède, afin de bénéficier de la protection des sources des journalistes, à propos desquelles la législation de ce pays est particulièrement stricte23. Ce rejet intervient au moment où WikiLeaks s'apprêtait à publier des documents sur la guerre d'IrakNote 2.
Julian Assange a publié plusieurs millions de documents confidentiels relatifs aux modes opératoires de l'armée américaine en Irak sur le site WikiLeaks. Il a également dénoncé les circuits de corruption de dictateurs africains ou de certaines compagnies russes offshoreA 1.
Principaux événements de l’affaire Assange
Résumé
En 2010, WikiLeaks publie des documents classifiés américains, sur la guerre d'Irak en — avec notamment une vidéo intitulée Collateral murder (« meurtre collatéral ») filmant le Raid aérien du 12 juillet 2007 à Bagdad puis une autre sur la guerre d'Afghanistan en , révélant au monde les crimes de guerre des États-Unis et de leurs alliés, notamment le Royaume-Uni. Ces révélations déclenchent la « fureur du Pentagone ». Dès lors, les autorités américaines lancent une enquête pour « espionnage » contre WikiLeaks et recherchent activement Assange.
Entre 2010 et 2012, Assange est en liberté surveillée au Royaume-Uni en raison d'un mandat d'arrêt de la justice suédoise, à la suite d'une accusation de « délit sexuel » en Suède en 2010. Julian Assange clame son innocence et dénonce un prétexte pour qu'il soit extradé de Suède vers les États-Unis. En , la Cour suprême du Royaume-Uni rejette son ultime demande à ne pas être extradé vers la Suède.
Le , Julian Assange se réfugie à l’Ambassade d'Équateur à Londres, où il vivra pendant 7 ans dans un espace confiné — il obtient l'asile politique le , puis est naturalisé le 12 décembre 2017 — dans la crainte des persécutions américaines, et d’une extradition vers le camp de Guantánamo. De nombreux observateurs estiment qu'Assange est victime de détention arbitraire ; il ne peut pas sortir de l’ambassade sans risquer une arrestation britannique et l'extradition vers les États-Unis. Il est alors surveillé en permanence par Scotland Yard et espionné par la Central Intelligence Agency (CIA).
En 2016, toujours enfermé dans l'ambassade d’Équateur, Julian Assange commente sur les réseaux sociaux la campagne pour l'élection présidentielle américaine. WikiLeaks publie alors des milliers de courriels piratés du Parti démocrate. Dans le cadre des accusations d'ingérences russes dans l'élection, de hauts responsables et les services de renseignement américains considèrent que la Russie a aidé WikiLeaks pour les diffuser, et ainsi peser sur l'élection pour faire élire Donald Trump.
Le , le président équatorien Lenín Moreno le déchoit de la nationalité équatorienne — obtenue fin 2017 sous la présidence de Rafael Correa — et met fin à son droit d'asile. Le jour même, Assange est arrêté dans l'enceinte de l'ambassade par la police britannique. Les États-Unis demandent immédiatement son extradition. Le , il est condamné par la justice britannique à cinquante semaines de prison pour violation des conditions de sa liberté provisoire en 2012. L’affaire en justice suédoise se révélera être instrumentalisée par le Royaume-Uni, pour maintenir Assange sous mandat d’arrêt, et justifier son arrestation. La justice suédoise clôt définitivement cette affaire faute de preuves le , quelques mois après l'arrestation de Julian Assange par les Britanniques, et 9 ans après les faits reprochés.
Le , les États-Unis inculpent Julian Assange pour « espionnage », il encourt jusqu’à 175 ans de prison. Une inculpation « sans précédent dans l’histoire du journalisme aux États-Unis », qualifiée d'attaque contre le premier amendement de la Constitution américaine (qui garantit la liberté de la presse), car pour la première fois, le département de la justice américain nie le caractère journalistique des agissements de Julian Assange.
Julian Assange est incarcéré en détention provisoire à la prison de haute sécurité de Belmarsh depuis le , jour de son arrestation à l'ambassade d'Équateur. De nombreux observateurs constatent une dégradation de sa santé du fait de l’isolement et du stress intense dû aux menaces qui pèsent sur lui, et appellent à mettre un terme à la « persécution collective » dont il est victime.
Le , la justice britannique refuse la demande d'extradition de Julian Assange vers les États-Unis. Une demande de libération sous caution d'Assange est refusée le . Le gouvernement américain dépose formellement sa demande d'appel de la décision le 15 janvier. Le nouveau gouvernement américain de Joe Biden, en place depuis le , confirme l’appel.
Publication de documents secrets américains sur la guerre en Irak et en Afghanistan
En , WikiLeaks publie des documents classifiés sur la guerre d'Irak et notamment la vidéo Collateral murder (« Meurtre collatéral »)24,A 1. Chelsea Manning est l'analyste militaire américaine qui lui fournit les documents, sachant qu’elle risquait d'être poursuivie pour trahison.
Les autorités des États-Unis commencent à enquêter sur WikiLeaks et Assange en vertu de la loi sur l'Espionnage de 191725, ce que confirme en le ministre de la Justice américain, Eric Holder. Un grand jury est constitué à Alexandria en Virginie26,27.
En , le site révèle notamment que les forces militaires alliées en Irak, ont torturé ou tué sans raison des centaines d'Irakiens et met en évidence « de nombreux cas de crimes de guerre qui semblent manifestes de la part des forces américaines, comme le meurtre délibéré de personnes qui tentaient de se rendre »A 2,A 3.
Fin , Julian Assange échange des lettres avec le gouvernement américain28, puis WikiLeaks commence à publier les révélations de télégrammes de la diplomatie américaine. La Maison-Blanche qualifie cette opération de « crime grave ». D'après Robert Gibbs, porte-parole de la présidence américaine, WikiLeaks et ceux qui disséminent ces informations seraient des criminels, il estime que ces fuites constituent « de graves violations de la loi et une menace grave pour ceux qui mènent et aident notre politique étrangère ». La secrétaire d'État Hillary Clinton évoque une « attaque contre la communauté internationale ».
D'après The New York Times « l'affirmation de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton selon laquelle les fuites mettent en danger la sécurité nationale semble exagérée » et ajoute : « Ces documents ont une valeur parce qu'ils mettent en lumière la politique américaine sous un jour que les Américains et le reste du monde ont le droit de voir. »B 4,A 4.
Daniel Ellsberg, connu pour avoir révélé les Pentagon Papers, a défendu la publication de WikiLeaks, rapporte le Guardian : « Tout secrétaire d'État aurait dit la même chose à propos des Pentagon Papers »A 4.
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